Je me sens bien, j'ai bien dormi, tout ce qu'il me manque, c'est un vrai petit déjeuner… et un café ! Tant pis… j'ai quelques biscuits et des fruits, ça fera l'affaire. Encore une journée, encore une côte à gravir, et pas des moindres ! Cette fois avec un compagnon à quatre pattes !
Le poids des journées et des kilomètres se fait sentir pendant toute l'ascension... Je suis lent, les autres coureurs me dépassent. Je m'arrête au moins trois fois pour prendre des nouvelles de Mário, échanger des textos avec des amis… ça me redonne du courage pour remonter sur les pédales. Arrivé au deuxième checkpoint, je suis accueilli chaleureusement par les organisateurs, en particulier les Portugais chargés de nous géolocaliser sur DotWatcher. J'en profite pour prendre un bon café avec un pain au chocolat, et pour me ravitailler au supermarché. Je me suis juré de ne pas refaire l'erreur ; cette fois-ci, j'emporte de bons aliments.
À ce stade de la course, les barres énergétiques et le gel ne me réussissent plus vraiment. Je mange à peu près une barre et un tube de gel par jour, en favorisant la vraie nourriture. Je me sens toujours un peu fatigué… j'avais planifié 232 km avec environ 4 800 D+, en sachant qu'on ne croise aucun hébergement lors des 50 derniers kilomètres. Il fait chaud, et les ascensions sont longues. Je commence à avoir du mal à réfléchir et à m'organiser.
Pendant la traversée du col de Salvi passant par Montemaggiore, je m'arrête à une fontaine avec un camarade pour boire un coup et faire une pause. Je sors une barquette de tomates et lui en propose. Il me regarde, l'air étonné, et me complimente « Tu as fait tous ces kilomètres de dénivelé en transportant ça ? Tu es un fou furieux ! » Ça nous a bien fait rire ! Chacun sa stratégie. On se remet en selle, et il finit par s'éloigner. J'avais noté que je pouvais m'arrêter au kilomètre 130… mais quand j'arrive, il est encore trop tôt.
Je téléphone à mon ami Jaime, à Barcelone. Il m'indique un nombre de kilomètres à parcourir, des endroits où passer la nuit, et après un bref silence, il me demande « Tu n'es pas en train de digérer, si ? » Non. Alors, il me dit : « Tu sais quoi, il y a une grosse côte à passer dans pas longtemps, puis un hébergement juste après ! Va jusque-là pour te reposer ! Ça te fera une côte en moins à monter demain ». C'est dans ce genre de situation que l'on apprécie d'autant plus ses amis. Je reçois un e-mail confirmant ma réservation à la Casa Franceschi, et sans plus attendre, je pars à l'assaut du col de Bataille. Comme c'est l'une des pires ascensions de la course, je décide de le gravir à pied. La beauté des paysages me rappelle la chance que j'ai de me trouver ici. En plus, je suis ravi de mes chaussures Triban RC520, qui me permettent de marcher confortablement (après cette journée, c'était une vraie avalanche de crampons de chaussures décollés chez les coureurs).
Arrivé en haut, j'aperçois la descente. C'est l'heure du repas ! J'arrive ensuite à la Casa Franceschi, où je suis très bien accueilli. Mário se trouve alors à 30 km derrière, mais je suis certain qu'il assure comme un chef et va terminer l'étape. Alors que je n'allais pas tarder à me coucher, voilà qu'il me téléphone. Son dérailleur arrière est cassé. La plaie. Il est obligé de retourner à Calvi pour tenter une réparation. Une petite heure après être allé dormir, j'entends du vacarme… Je vais ouvrir la porte, et aperçois Zoubir et un autre camarade. Content de vous voir, les gars ! La propriétaire de la Casa Franceschi a eu l'immense gentillesse de leur préparer le dîner !